Jean Proal, créateur d'humanité

 La première partie de cet ouvrage, consacrée à son œuvre romanesque, réunit les communications présentées lors de la journée d’étude organisée à l’université Stendhal de Grenoble, avec le concours des Amis de Jean Proal, en décembre 2011 et intitulée : L’œuvre d’art vaut par ce qu’elle peut contenir de valeur humaine – Redécouvrir Jean Proal. Elle propose les analyses de six de ses romans qui mettent en avant la personnalité de son écriture.

La seconde partie se compose d’une présentation du fonds d’archive Jean Proal, conservé aux Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence (04), et d’un recueil de lettres échangées entre Proal et ceux qui ont joué un rôle dans le devenir de son œuvre (éditeurs, écrivains, critiques et artistes). Elles visent à dessiner l’ethos d’auteur de Jean Proal, entre doute, désir de reconnaissance et immense travail.

JEAN PROAL, CRÉATEUR D’HUMANITÉ

16 € + frais de port

Format 16 x 24 / 200 pages
ISBN 978-2-84832-180-6

Édition Artois Presses Université

Ce volume se donne pour objectif de mettre en lumière le romancier qu’était Jean Proal.

 

Études réunies par Fanny Déchanet-Platz

SOMMAIRE

Remerciements : Fanny Déchanet-Platz et Anne-Marie Vidal : Jean Proal, créateur d’humanité

 

ÉTUDE SUR L’ŒUVRE ROMANESQUE Sylvie Vignes : « Entre chien et loup », vertiges de l’entre-deux dans Tempête de printemps de Jean Proal Jacques Poirier : Les Arnaud, ou le roman de l’existence Christian Morzewski : Bagarres de Jean Proal, dans l’ombre de Giono et Ramuz Fanny Déchanet-Platz : Bagarres de Jean Proal, une tragédie ? André Not : L’écriture paroxystique des personnages dans De sel et de cendre Jean-François Massol : L’enfant Petit Lou face à la nature : cheminements, valeurs, énigmes

CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE Anne-Marie Vidal : Le fonds d’archive Jean Proal, creuset de l’homme et de l’œuvre

RECUEIL DE LETTRES Notice

EXTRAITS

[…] Les personnages que l’on rencontre dans les romans de Jean Proal appartiennent tous à la même nature d’hommes : durs, complexes et fins, d’un caractère et d’une langue bien plus aiguisés, affûtés que ceux que l’on peut rencontrer dans le monde rural du premier XXe siècle. Qu’ils mettent leur force mentale, leur intelligence au service de leur ruse (Pierre Rabasse dans Bagarres) ou de leur entêtement et de leur fierté (Firmin Arnaud dans Les Arnaud), les héros masculins peuvent être des chefs de clan ou de famille massifs, tout d’une pièce, telle la montagne qu’ils habitent. Mais ils peuvent aussi mettre leurs qualités dans une intelligence sensible de la nature (Sylvain dans Tempête de printemps, les charbonniers de Bagarres) ou des hommes eux-mêmes (l’inspecteur de De sel et de cendre). Les femmes, quant à elles, sont souvent douées d’une grande force de caractère, libres et fières, qu’elles soient de pures jeunes filles – Lucienne, la fille de lumière, dans Tempête de printemps, Claire, solaire, dans Montagne aux solitudes – ou déjà aguerries aux duretés de l’existence malgré leur jeune âge : Marthe, le double noir de Lucienne, et Carmelle la rouge, la passionnée, dans Bagarres. Épris d’absolu – qu’il soit incarné par une histoire d’amour (Montagne aux solitudes, Le Vin d’orage) ou la lutte contre une nature hostile – dans presque tous les romans – ces héros sont solitaires et ne tirent de leçon de l’existence que dans leur for intérieur.

Fanny Déchanet-Platz & Anne-Marie Vidal (introduction)

TÉMOIGNAGE

J’ai fini de lire avec un grand intérêt l’ouvrage « Jean Proal, créateur d’humanité ». L’introduction m’a tout particulièrement intéressé, notamment en ce qu’elle synthétise avec une grande précision tous les éléments qui ont concouru à son insuccès commercial et, par ricochet, à son oubli actuel. A toutes les raisons convaincantes que vous évoquez (accusation de régionalisme et comparaison dévalorisante à Giono et Ramuz, œuvre peu abondante, absence de modernité, origine modeste et timidité), je serais tenté d’ajouter une autre caractéristique qui a pu jouer en sa défaveur : son autonomie financière (travail salarié puis métier de commerçant) qui le « prive » d’une dépendance du milieu littéraire tant appréciée de certains « parrains » plus ou moins influents dans les hautes sphères. Ceux-ci préfèrent en effet l’écrivain maudit qui dépend d’autrui pour sa survie. Ainsi, le riche homme de lettres peut se glorifier d’aider une « pauvre âme » alors que Jean Proal, de par sa position certes réservée mais surtout digne, ne laisse pas de prise à ce genre de domination symbolique. Même s’il a souhaité « percer », il n’est pas homme à quémander. C’est aussi pourquoi sa lettre à Elian Finbert de mars 1942 m’a tant touché lorsqu’il semble avouer que son déménagement à Paris lui est contre-nature (et risque par-là de se solder par un échec) : « (…) jardiner, labourer et oliver en commun. C’est ça, la vie. La vraie vie. Et moi qui m’en vais à Paris!… »

Pierre-Julien Brunet