Lors de ses années au collège et lycée Gassendi à Digne, interne, Jean Proal se prend, durant l’hiver, d’une passion pour le cinéma, « qui, de dimanche en dimanche, nous dispensait notre provision de poudre à rêver… en attendant l’heure de réintégrer la prison ». D’ailleurs, plus tard, on retrouvera cet engouement pour le septième art, allant jusqu’à faire de grands projets d’adaptation de ses romans qui, sauf Bagarres, n’aboutirent pas.
Le film Bagarres
De Malaucène, dans le Ventoux, naît Bagarres – roman publié plus tard en 1945, l’adaptation cinématographique d’Henri Calef datant de 1948.
Durant ces années, la camaraderie prend une place essentielle ; avec les copains randonneurs et épris de montagne, Jean Proal découvre le Ventoux où ils construisent, au mont Serein, un petit chalet (encore abri saisonnier de leurs descendants).
En 1950, Jean Proal, suite à de sérieux ennuis de santé l’obligeant à cesser de travailler, quitte Paris pour les Alpilles. Quelques mois après, il s’installe à Saint-Rémy, au mas de Berne.
En 1939, il avait fait la connaissance de Marie Mauron, Saint-Rémoise, qui le conseille pour la dernière version du roman Les Arnaud, et avec laquelle il tisse une grande amitié doublée d’une abondante correspondance. C’est par elle que Jean Proal fait la connaissance de Suzon. Cette rencontre bouleverse littéralement sa vie. Elle lui offre un réel bonheur auquel il ne croyait plus. Au point qu’il ose se confier à quelques amis parmi ses correspondants, et que ces derniers en retour lui manifestèrent leur joie. Cette compagne a vite gagné, par son allant, son charme et sa générosité, le cœur de tous, qui l’appellent « notre Suzon ».
La vie heureuse
Sans aucun doute, Jean vit sa période la plus heureuse – en amitié comme en amour – et la plus féconde en sérieux contacts littéraires ou éditoriaux et dans le monde de l’art, de la radio et du cinéma. Comme c’est souvent le cas, à peine quitté Paris, les signes de l’intelligentsia affluent, à croire qu’il manque à ses pairs et leur deviendrait presque nécessaire ! Comme si les fruits de ses nombreux et tenaces efforts pour » percer « , tant en littérature qu’à la radio, commencent à mûrir.
De Saint-Rémy, il continue ce parcours fertile – tout en ouvrant, vers 1951, un magasin d’électricité, « le confort par l’Électricité « .
Cette période de sa vie est ponctuée de contacts fidèles et profonds, baignée de l’immense estime qui l’entoure régulièrement. Ainsi, une amitié suivie et privilégiée avec des peintres : Georges Item, Hans Hartung et sa femme Anna-Eva Bergman (cf. Jean Proal, Anna-Eva Bergman, Hans Hartung : une amitié créatrice), Lucien Jacques, Roger Bezombes, André Miguel, Louis Pons, Mario Prassinos.
Un suivi amical et créatif avec des écrivains : Dominique Aubier ou « Mabu », Lucien Henry ou « Lulu » (très proche des milieux artistiques), Jean de La Varende…
Avec bien de ces personnes une correspondance (AD 04), parfois abondante. Dans de rares cas, nous avons pu collecter les 2 versants : Jean Giono, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, Georges Item)
Des échanges de travail en même temps que d’amitié avec Marguerite Arnoux, de la revue Les Nouvelles Littéraires, Géo Blanc, directeur de Radio-Lausanne, Charles Galtier, de la revue Reflets de Provence, Léon Derey, critique littéraire. Des contacts et correspondances avec des cinéastes : Henri Calef, Roberto Rosselini et Henri Clouzot…, ou des personnalités du monde du théâtre : Louis Jouvet, Marguerite Jamois, Valentine Tessier, Charles Vanel ; sans compter les simples amis et lecteurs enthousiastes – peut-être surtout parce que, dit-il, « une simple lettre d’un inconnu, ou le mot juste d’un vieux copain me secoue d’avantage qu’un article épatant ».
Ces éléments biographiques sont extraits de la Revue n° 1 de l’AAJP, Jean Proal, une écriture saisissante.