Chasse en plaine de Jean Proal

CHASSE EN PLAINE

de JEAN PROAL

Editions Marguerat (1962)

Ici, à la différence de Chasse en montagne (l’autre album de la collection Marguerat écrit par lui) Jean Proal évoque son enfance au milieu de cette nature qui l’envoûtait ; cette nature, encore assez vierge à l’époque, qu’il parcourait avec son chien. Faisant état de la sévérité, voire l’interdit, du milieu familial quant à la chasse – « il fallait être très riche ou sans aveu pour se livrer à de tels excès » – abordant tout au long du texte son goût pour les bêtes sauvages, tant l’ours que le loup, le sanglier, après dans son jeune âge la quête de lièvre, perdrix, et même des pies…

Enfant et adolescent il s’est nourri de lectures – dont l’ouvrage médiéval célèbre le roman de Renart – : Rouquette, Louis Hémon, Curwood, Alpinus, Pergaud, Raboliot de Genevois. Tout cela à ses yeux « dont l’intérêt et l’utilité [lui] paraissaient beaucoup plus évidents que ceux de l’arithmétique ou de la grammaire ».

Paru dans la collection d’albums Merveilles de la vie animale de 8 titres dont Proal fut à partir de 1962 directeur aux éditions Marguerat (publié en même temps, octobre 1962, que Chasse en montagne).

 

Album de 144 photographies de divers auteurs dont certaines, comme pour l’album Chasse en montagne, de Charles-André Vaucher.

Pour l’essentiel ce texte exprime combien il y apprend la forêt, les mœurs des diverses bêtes, même les plus banales et petites, ainsi que leurs ruses. Tout autant au fil de la peur que de l’émerveillement.

Se souvenant du lever bien avant l’aube, du goût de ces matins de ses vingt ans avec les odeurs du café et du cuir humide des vestes des chasseurs, il souligne dans toute une litanie de “j’apprenais” que la chasse lui a donné la plus vraie leçon de la nature car ainsi il fut « mêlé à elle d’intime façon ». Apprenant de la sorte tant les bêtes que les saisons, le ciel et la terre, les arbres, les ruisseaux…

Chasse en plaine est aussi un hommage rendu à ce médecin et ce prêtre qui dans sa jeunesse lui ont transmis leur savoir d’expérience et ajoute-t-il « la chance de comprendre très tôt qu’il y avait quelque chose à sentir, à deviner. Ma faculté d’émerveillement a fait le reste ».

Au chapitre IV abordant, rencontrée assez tard dans sa vie, la chasse en milieu aquatique, en Camargue, il évoque précisément sa fascination pour la migration, de telle sorte que il n’y est quasiment plus question que de poésie, du lyrisme de l’eau et ses reflets, du charme des oiseaux… On y retrouve la musique de ses divers textes consacrés la Camargue.

Ce texte se clôt par une réflexion philosophique et morale sur la chasse : si ni l’homme des premiers temps ni le gamin ne se posaient la question, « quel est le chasseur, conscient de sa dignité d’homme, qui n’a jamais eu un mouvement de regret, un élan de pitié devant une bête blessée ou morte ».
Proal côtoie ce débat infini mais en voulant éviter l’hypocrisie (notamment si on mange de la viande) il avoue : « tant de fois j’ai relevé mon arme » ajoutant que depuis longtemps il n’a plus voulu décrocher son fusil…

Une double page paraîtra dans la Gazette de Lausanne sur la collectio.

(cf. Revue n°8)

La Gazette de Lauzanne (8-9-dec1962)