Dans la revue n° 17, ces quelques images :





Jean Proal, d’hier & d’aujourd’hui revue n° 17
96 pages illustrations, livre cousu, 15 € (hors frais d’envoi)
Léon Derey est le critique littéraire, qui, Hier, a le plus farouchement et patiemment, dès 1934, su parler de l’écriture de Proal. Il en a vivement défendu la singularité. Instituteur de métier et subtil lecteur… Léon Derey a participé à la revue Cahiers du Sud…
Notamment il s’insurge contre cette constante réduction des critiques littéraires (qui souvent ne l’ont pas lu mais répètent les mots de leurs confrères) de présenter Proal comme un sous-Giono ou un sous Ramuz…
Léon Derey a senti et su restituer cette fine perception qu’a Jean Proal de la vraie vie et fragilité de la nature ; de la profondeur secrète et complexe de la vie des êtres ; et su deviner cette qualité de l’auteur à l’écoute de l’humanité en chacun… De là son expression de “créateur d’humanité”.
Il y eut entre les deux hommes, peu à peu au fil de leur correspondance, restituée ici, une belle amitié.
Accompagnements très divers – extraits d’auteurs connus ou moins connus, de critiques littéraires, de lecteurs d’Aujourd’hui…
De brefs mots d’auteurs comme Bobin, Jaccottet, Arsand… des témoignages de lecteurs plus ou moins récents… des extraits du travail de plusieurs membres actifs de l’AAJP, dont les universitaires Fanny Déchanet-Platz et Sylvie Vignes…
Extraits
D’Hier
p. 32 “Jamais il n’a régné un tel désordre dans le monde des lettres, ni une injustice aussi générale”. C’est ce qu’écrivait (déjà) Edmond Jaloux en 1939, précisément à propos d’Émile Sicard, de Marseille, de Joachim Gasquet, de notre ville, d’Emmanuel Signoret, de Lançon.
Et voici son commentaire : “Tous les quinze ans, le public apprend cinq ou six noms que la critique, la publicité, la presse, les échos répètent sans arrêt. Après quoi, le silence se fait sur eux ou presque, – et l’on passe à d’autres. Cependant, autour de ces gloires rapides, continuent de circuler, de produire, des écrivains de mérite, quelquefois même de génie, qui ne sont célébrés que par un petit groupe, presque dans l’ombre, et qu’en dehors de ces privilégiés, tout le monde ignore…” 4
“Jamais il n’a régné un tel désordre dans le monde des lettres, ni une injustice aussi générale”. Il faut aujourd’hui le crier… L’injustice ? Les nôtres en sont les premières victimes. Des exceptions ?
Marcel Pagnol, Giono, ou même Henri Bosco qui ne fut vraiment connu (à 57 ans, il avait publié déjà plusieurs ouvrages) que grâce à l’opinion, alors souveraine, d’André Gide.
Les autres ? Dès leurs débuts, les voici enrôlés (de force) sous des bannières augustes (ou, du moins, pas trop contestées) : avant 1939, celles de Paul Arène et de Daudet ; depuis, celles de Giono, ou plus récemment d’Henri Bosco (c’est le cas de Charles Galtier pour son Chemin d’Arles).
Une fois dit, le tour est joué. Pas besoin d’aller plus avant. C’est presque du Daudet ou presque du Giono. Et inutile d’insister. Léon Derey
p. 39 À Hauteur d’homme
C’était la devise de Jean Proal
Il passait pour un homme dur. Mais, sous les dehors d’un bas alpin (“rétif à toute manifestation intérieure, traits de la patience et de l’énergie tempérées par l’humour, jamais absent du regard et du sourire”), dans sa vie intense et profonde, il possédait le don d’enfance, par excellence un don d’artiste.
Il l’a bien prouvé dans sa délicieuse Histoire de Lou, où il a mis tant de finesse, de délicatesse et de grâce, et, avec une merveilleuse confiance dans la pureté retrouvée aux sources infinies de l’enfance, tant de tendresse aussi !… Et, dans l’ensemble de son œuvre, que d’art souvent inaperçu, parce qu’il est d’un grain trop pur pour les yeux myopes de critiques qui ne savent pas ce qu’est un cristal de roche, et qui ignorent ses vertus comme son âme de transparence et de lumière !
“J’existe en tout ce qui m’entoure et me pénètre” écrivait le grand Verhaeren. C’est ce que dirait le cristal de roche. C’est bien ce que nous dit l’œuvre de Jean Proal… L Derey
Et d’Aujourd’hui
p. 72 “J’ai aimé les traces de l’enfant Proal, dans la neige, cet aller-retour entre la forêt bleue et la maison aux yeux gris, ce livre guère plus lourd qu’une aiguille de pin est beau et belle, la pensée qu’un mort revient enchanter la vie par des mots simples et précis. Christian Bobin
p 73 “De sel et de cendre, Le roman est un chef-d’œuvre. Du très haut-vol. De la très haute intransigeance. Et on ressent une joie dans cette intransigeance. Il y a offrande de l’auteur à la littérature, à ce qu’elle exige, et à ses lecteurs à venir, mais cela vient après l’étreinte avec l’écrit. […] mais le chant chez Proal se confond avec le silence, une tendresse, une main tendue, une main retirée, un abandon rêvé et impossible à vivre. C’est un grand livre du silence, et du vrai silence… Daniel Arsand
p. 78 Jean Proal fait partie de ces écrivains qui touchent le lecteur au plus profond de leur être, non seulement parce qu’il ne cesse de creuser les mêmes obsessions, mais aussi parce que ce sont toutes des questions fondamentales de l’existence humaine, des sortes de “nombres premiers”. Ainsi, grâce à cette concentration à chaque instant des grands enjeux de l’“être au monde”, l’intensité dramatique de l’écriture proalienne revêt un niveau que l’on retrouve chez peu d’écrivains, a fortiori dans le cadre d’un roman (cet effet de condensation semblant plus accessible – et donc fréquent – en poésie qu’en prose).
En visant aussi précisément le cœur des choses et des êtres, l’œuvre de Jean Proal atteint l’essentiel… Pierre-Julien Brunet
NB : Cette revue avait pour objectif d’être un écho à ces témoignages actuels. En effet, souvent, des lecteurs nouveaux nous confient leur enthousiasme et leur sentiment que cet oubli est d’autant plus dommage que Jean Proal est avant l’heure écologique, éco-poétique et attentif à écouter l’humanité profonde de tout être.