12 Sep Projection de Bagarres en 4K
Projection de Bagarres en 4K
Samedi 12 septembre 2015 à 18h00
Cinéma Le Bourget
7 place du Bourget
04300 Forcalquier
Projection en avant-première de la version restaurée et numérisée de Bagarres, film de Henri Calef (1948), scénario d’André Beucler d’après l’œuvre de Jean Proal.
Cette projection est organisée dans le cadre des rencontres André Beucler & Jean Proal, à l’occasion de l’Assemblée Générale de l’AAJP.
Réalisation : Henri Calef
Scénario et dialogue : André Beucler
Musique : Joseph Kosma
Régisseur : Claude Pinoteau
Avec :
Maria Casarès
Roger Pigaut
Jean Brochard
Jean Murat
Orane
Demazis
Pierre Caillot
Claire Guilbert
Marcel Moloudji
Jean Vilar
Image remasterisée en 4K
Noir & Blanc – 1948
Durée : 90 min
Langue : français
Format 1.37 – 4/3 – DVD9 – PAL
[label]Prix : [/label]13€ (+ 1,5€ frais de port, sauf adhérent)
Henri Calef
Henri Calef est un cinéaste français d’origine bulgare. Après avoir obtenu son diplôme de philosophie, il se lance dans le journalisme. Entre 1932 et 1934, il écrit pour les journaux Paris-Soir et Paris-Midi et débute dans le milieu du cinéma en tant qu’assistant-réalisateur en 1933, sur le tournage de Quelqu’un a tué de Jack Forrester. Il continue à occuper ce poste entre 1933 et 1939, sur les tournages de cinéastes comme André Berthomieu ou Pierre Chenal. Petit à petit, il fait son chemin. Entre 1942 et 1943, il fait partie du groupe de scénaristes réunis en zone libre par Jacques Cohen. Durant cette période, il travaille sur de nombreux projets et c’est ainsi que son premier film en tant que réalisateur, L’extravagante mission avec Mona Goya, sort en 1945. Il réalise la même année Jéricho qui traite d’un fait réel : un pont saboté par les résistants français bloque le cheminement d’un train. Les Allemands exigent cinquante otages qui seront fusillés au moindre incident. Si ce film manque de recul, le scénario, écrit par Charles Spaak est de très bonne qualité et la prestation des différents acteurs de ce film, dont Pierre Brasseur, est jugée très juste. En 1947, il collabore à nouveau avec ce scénariste pour le film Les Chouans adapté du roman d’Honoré de Balzac, et dans lequel joue Jean Marais. En 1948, Bagarres… En 1964, L’heure de la vérité, scénario de Edgar Morin… Réalisateur, dialoguiste, scénariste, adaptateur, monteur, Henri Calef a également été Président de l’Association des Auteurs de Films de 1967 à 1972 et a fait partie du jury du Festival de Cannes en 1957. Il préside aussi la Compagnie des Experts en propriété artistique. Il meurt le 17 août 1994 à Paris. En 2004 est paru Henri Calef, cinéma sans étoile de Marie Calef et Philippe Esnault, aux éditions Pilote 24, pour rendre hommage à ce cinéaste des années d’après guerre, témoin oublié de son époque mais que l’on ne manquera pas de redécouvrir. Cf cinememorial.com/acteur
¶ Une vingtaine de lettres de Henri Calef dans le fonds Jean Proal (AD 04) témoigne « d’une réelle et durable amitié » entre l’auteur et le réalisateur. Il s’agit dit Calef de « la rencontre de deux timidités positives » et le scénariste encourage l’auteur (nous n’avons pas les lettres de Proal dans ce fonds) notamment après avoir lu le roman De sel et de cendre… Cf. Jean Proal, le métier d’ami, article de Jacques Mougel, revue n°3. ¶ Bertrand Tavernier est un des cinéastes actuels à avoir plusieurs fois rendu hommage à Henri Calef, à l’Institut Lumière et notamment pour ses films engagés et politiques…
Intérêt patrimonial et culturel de l’œuvre
Bagarres est un très beau film âpre, sensuel et rare sur la liberté – et la solitude – féminine. Il a été, comme tant de films d’après-guerre critiqués par les adeptes de la nouvelle vague, injustement relégué dans l’oubli. En 1945, le réalisateur Henri Calef connaît une certaine notoriété grâce à Jéricho qui raconte le bombardement d’Amiens par la RAF. En 1947, Henri Calef collabore avec Charles Spaak pour le film Les Chouans, adapté du roman d’Honoré de Balzac. SNC (Groupe M6) a déjà restauré et remasterisé ce film en 2K avec ses fonds propres.
Tourné entre le 23/02/1948 et le 22/05/1948, au Studio de La Victorine à Nice et en extérieurs à Malaucène dans le Vaucluse, Bagarres raconte l’histoire de Carmelle (Maria Casarès, radieuse), pauvre, jeune et fière. Poussée par son amant (qui s’intéresse surtout à l’argent), elle s’engage comme servante du vieux et riche Pierre Rabasse (Jean Brochard). À la condition de devenir sa maîtresse, Rabasse nomme Carmelle comme son unique héritière. À la mort de Rabasse, Carmelle est libre et riche. Mais sa nouvelle condition excite les rivalités masculines et elle devient l’objet de toutes les convoitises et … des bagarres.
Jean Proal écrivait en décembre 1946, dans la rubrique “Nos Auteurs” du Courrier Denoël :
« Mon dernier bouquin ! Bagarres : une histoire de la solitude et de la fatalité. J’ai hanté dix ans le Ventoux. En long, en large et en hauteur. En profondeur aussi, car je crois avoir entendu battre son cœur secret. Cette montagne qui m’a paru d’abord dérisoire a pris peu à peu pour moi son sens et sa vertu de montagne car, les “touristes” partis, elle me restait intacte. Intacte : accessible à l’amour seul. Aussi fermée, aussi secrète, aussi hautaine que les grandes cimes. Vivante aussi : chargée de plantes et de bêtes, baignée de ciel vivant, changeante au gré des heures et des saisons. J’ai placé une femme dans cette montagne. Comme elle secrète. Pure comme elle. Intacte : de cœur et de corps. Et démunie. Libre. Disponible. Puis j’ai laissé faire la vie. C’est-à-dire les hommes, puisqu’on n’est jamais si seul que cette solitude ne heurte une autre solitude. L’aventure qui déclenche le drame, je l’ai voulue vulgaire, sordide même. Une histoire de couchage entre un vieux riche et sa bonne. Un couchage pour de gros sous. Une pauvre aventure humaine. Et l’amour qui intervient, pour tout gâcher : l’amour pour un homme ou une femme – ce malentendu… Mais l’amour aussi qui sauve tout : l’amour pour nous, tous les hommes – l’amitié humaine ». (Lettre ouverte à mon « metteur » en scène. Cf Fonds Jean Proal, AD 04 et Jean Proal, le métier d’ami, Revue n°3)
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« Lettre ouverte à mon « metteur » en scène »
Le temps qu’il fait, par les Douze : LETRRE (sic) à “mon” metteur en scène Mon cher Calef, La situation de l’écrivain, dont on a pris un roman pour le porter à l’écran, tient à la fois de celle du mari trompé et de celle d’un père que l’on viendrait de déchoir pour insuffisance mentale. Il y a des gens qui s’y résignent. Il y en a d’autres qui n’arrivent pas à se désintéresser du sort de l’enfant qu’on veut faire sans eux ou leur enlever. Pourquoi j’ai accepté et pourquoi je ne me suis pas résigné, vous le savez maintenant et, au surplus, ce n’est pas l’objet de cette lettre. Cette lettre, il y a longtemps que je voulais vous l’écrire – dès que j’ai deviné, avant même que votre film sorte, qu’il serait durement accueilli. Vous avez – en toute connaissance de cause – pris un risque en choisissant pour en faire un film celui de mes livres qui était à la fois le plus dur et le plus profondément humain, le plus difficile à « faire avaler ». Il me paraît juste, il me paraît loyal, il me paraît nécessaire de me solidariser avec vous, à cette heure où vous me parlez (en riant, il est vrai) de cette « dégelée » que vous êtes en train de recevoir. Car, ayant accepté, mais ne m’étant pas résigné, je vous ai vu au travail. Je vous ai vu brûler, pour mes personnages et leur aventure, de la même passion que j’avais mise à les créer. Je vous ai vu saisi par la noblesse et la grandeur de ce pays, qui conditionne et justifie à la fois les personnages et l’aventure. Oh ! nous n’avons pas toujours été d’accord ! Mais je vous ai vu accroché à votre oeuvre comme un paysan de chez moi est accroché à sa terre : des dents et des griffes. Je vous ai vu travailler sans les autres, malgré les autres, contre les autres. Je vous ai vu porter seul tout le poids, contre la bêtise, contre l’incompréhension, contre la mauvaise volonté, contre l’amour propre, contre l’orgueil, contre tant d’intérêts ligués. Et je ne parle pas des difficultés matérielles, car celles-là ne comptent pas pour nous. Je vous ai vu faire lentement votre route, le front buté, les poings noués, les dents serrées. Et – voyez-vous – il m’est venu une grande amitié pour vous. Alors, si la CRITIQUE ne voit que vos faiblesses (qui n’en a pas et qui, sauf vous et peut-être moi, peut savoir dans quelle mesure elles ne vous ont pas été imposées !)… si la critique (qui n’a pas l’habitude de se placer sur ce plan-là) n’a pas su voir la valeur humaine de votre oeuvre… si elle n’a pas su voir que vous avez fait le seul film paysan authentique que l’on ait jamais vu sur un écran… si elle n’a pas su voir que ce film se haussait à une vérité universelle… si elle n’a pas su voir que Casarès, Brochard et Mouloudji (pour ne citer qu’eux) ont gardé dans les deux dimensions de l’écran l’épaisseur et le poids et la chaleur d’êtres de chair et de passion… si elle n’a pas su voir que le Ventoux avait gardé sur l’écran sa puissance d’incantation… si elle n’a pas su voir – sur le plan purement « cinéma » – que, par la seule disposition dans l’espace de vos acteurs devant une caméra presque immobile (immobile et invisible comme UN TÉMOIN) et que, par la seule vertu de votre découpage technique (un découpage dans l’épaisseur des êtres, des objets et de l’action) vous avez fait DE LA VIE… si elle n’a pas su voir, sur le même plan, que le rôle de Casarès (et je parle à la fois de ce qu’elle a apporté et de ce que vous lui avez imposé) figure un changement capital dans la conception même de l’amour à l’écran… si la critique ne sait pas, ou a oublié, que c’est ça le cinéma (et non virevoltages de caméras, jeux d’esthéticiens ou combinaisons d’affairistes) eh bien ! mon cher Calef, tant pis pour la critique. Mais je crois – et l’émotion contenue que l’on perçoit dans l’obscurité des salles me le confirme – je crois, avec « BAGARRES », que vous allez toucher, et toucher au coeur, la masse énorme des hommes de bonne volonté. Jean Proal 18 novembre 1948, parue dans les Lettres Françaises
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Henri Calef a dit de son film (Cinématographie française n° 1258 du 13/3/1948) :
« Ce sujet poignant, profondément humain, se prête à des développements psychologiques, à des études de caractères, fort poussées, même à une certaine part de psychanalyse. Tous mes personnages seront vrais, simples et complexes à la fois, luttant ou se soumettant à leurs instincts, à leurs passions… »
La publicité autour du film n’a pas de « tagline » mais fait apparaitre trois adjectifs: émouvant, sincère et brutal. Ce qui décrit assez bien le film. Toutefois, la critique de l’époque est mitigée et le film est plutôt durement accueilli. Dans la rubrique cinéma du Figaro littéraire (13/11/1948) Claude Mauriac se montre très enthousiaste, parlant de la formidable direction d’acteurs chez Henri Calef :
« Je sais qu’il avait réuni une équipe d’excellents comédiens. Mais il y a, dans la sobriété, l’intelligence et l’humanité de leur jeu, une UNITÉ qui ne saurait être imputée qu’au metteur en scène. Maria Casarès n’a peut-être jamais été plus insolitement belle et tragique… ». Et Mauriac termine son article avec l’observation: « Le vrai sujet du film, ce n’est pas l’histoire de paysans provençaux de Jean Proal, mais celle d’Henri Calef, écrivain et peintre, qui a choisi pour s’exprimer la plume neuve et le vierge pinceau de la caméra…»
En revanche, Roger Boussinot et Pierre Castex trouvent que « le film s’allonge hors de proportions, se tarabiscote, s’enfile, se dégonfle, s’arrête, repart. Il n’y a aucune raison pour que le mot ‘fin’ apparaisse… » tout en reconnaissant que « heureusement il y a Maria Casarès. » (France Soir, le 17/11/1948).
Giverny 5 septembre 48
Cher Jean Proal, vous ne pouvez pas savoir combien j’ai été touchée par votre petit mot. S’il est vrai, peut-être, que « ça ne se fait pas », je suis cependant bien heureuse que vous ailliez piétiné les convenances. Par ailleurs, il me semble que par l’enthousiasme et l’amour que j’ai brûlé dans ce film, je suis arrivée au point de pouvoir réclamer la vérité de ceux qui m’ont confié un rôle pour lequel j’ai dépensé avec toute mon ardeur, le meilleur que j’ai trouvé en moi au moment de le tourner. Maintenant, attendons le public et à Dieu va… ! Je rentrerai à Paris vers le 15, après un mois et demi de repos complet. J’espère vous y voir. À bientôt donc et croyez, je vous prie, à mes sentiments affectueux
Maria
Dans Les Lettres Françaises, une série d’échanges par voie d’articles a lieu entre les critiques et le réalisateur. L’on accuse Calef de « s’ingénier à ne pas tenir les promesses qu’il avait paru faire »… en ajoutant que « Bagarres est une déception de plus ». (Georges Sadad, 25/11/1948). Jean Proal lui-même intervient, et (chose assez rare pour être signalée !) prend ardemment la défense de « son» réalisateur en lui écrivant :
« Mon cher Calef…Vous avez – en toute connaissance de cause – pris un risque en choisissant pour faire un film celui de mes livres qui était à la fois le plus dur et le plus profondément humain, le plus difficile à ‘faire avaler’. Il me paraît juste, il me paraît loyal, il me paraît nécessaire de me solidariser avec vous, à cette heure où vous me parlez (en riant, il est vrai) de cette ‘dégelée’ que vous êtes en train de recevoir… Vous avez fait DE LA VIE… si la critique ne sait pas, ou a oublié, que c’est ça le cinéma (et non point virevoltage de caméras, jeux d’esthéticiennes ou combinaisons affairistes), eh bien ! mon cher Calef, tant pis pour la critique… » (18/11/1948).
Chez SNC, nous partageons entièrement l’avis de Jean Proal. La restauration et numérisation 4K de Bagarres devraient permettre au public de (re)découvrir ce très beau film, injustement oublié. Le jeu intense des acteurs (Maria Casarès, Jean Brochand, Roger Pigaut, Marcel Mouloudji, Jean Vilar, etc.), la belle et subtile composition musicale (signée Joseph Kosma), les somptueux décors naturels de Provence : autant de raisons de voir revivre cette œuvre magnifique. Au niveau de la pérennisation de l’œuvre, cette restauration s’est avérée nécessaire parce que les éléments nitrates d’origine étaient peu nombreux et en état assez moyen. Le CNC a apporté une aide précieuse sous forme de subvention.
Orientation de la restauration
Un cahier des charges déontologiques sera suivi comme pour les restaurations précédents (La belle et la bête, Lumière d’été, Orphée, Les visiteurs du soir, etc…) avec les principes de base suivants: le respect de l’œuvre d’origine, la prise en considération des spécificités du tournage, la reproduction de l’aspect du film à sa sortie (y compris avec les qualités et défauts inhérents dues à son parcours particulier), la réversibilité des démarches, la documentation des étapes différentes.
Choix des éléments
Afin d’orienter des travaux, SNC a analysé certains éléments du film afin de choisir les sources physiques pour la restauration et remasterisation du film. Les éléments choisis sont :
- Le négatif image nitrate d’origine en 10 bobines de 300 mètres (stocké aux Archives françaises du Film)
- Le négatif son nitrate d’origine en 10 bobines de 300 mètres (stocké aux Archives françaises du Film)
- Un marron (interpostif) en provenance de la Cinémathèque française
Deux nouveaux éléments ont été fabriqués :
- un Marron (interpositif) tiré par immersion chez Digimage d’après le négatif nitrate
- un son positif tiré chez Digimage d’après le négatif nitrate
Les problèmes de la pellicule
Collures L’état des collures est typique d’un film ancien : les matériaux adhésifs utilisés pour le montage du film sont souvent défaits ou en décomposition chimique. La colle et le scotch mangent sur l’image et provoquent des sautes dans la continuité.
Déchirures
Rayures Les éléments photochimiques comportent de nombreuses rayures dues aux diverses manipulations et déplacements du matériel depuis 1948.
Poussières incrustées
Images manquantes
Défauts photographiques La composition chimique de la pellicule ne résiste pas entièrement au passage du temps et des segments du film sont en décomposition.
Défauts sonores La piste sonore comporte des traces du passage du temps également : un bruit de fonds, des différences de niveau, du souffle, des plocs, des distorsions, des craquements, autant d’obstacles à la compréhension des dialogues du film.
Prestataires
FILMO, département Patrimoine L’analyse, la coordination et la validation de la restauration. DAEMS La préparation et réparation manuelle des négatifs nitrates image et son. DIGIMAGE Groupe Monal Le tirage de sécurité en immersion des négatifs nitrates image et son. Le scan 4K du marron safety L’étalonnage numérique 4K La restauration numérique 4K
ELUDE Groupe Monal La restauration audio
La préparation des éléments physiques
Le nettoyage et la consolidation manuels des éléments photochimiques ont été effectués par la société DAEMS, sous la supervision de FILMO. Cette étape permet d’éliminer pas mal de poussières et de renforcer la résistance des éléments aux déchirures en recollant les collures anciennes.
Les travaux numériques
La numérisation Le marron safety a été scanné en 4K sur le Scanity de DFT. La restauration image a été effectuée en 4K sur station Diamant et a nécessité environ 260 heures de travail pour stabiliser l’image, effacer les usures du temps, les déchirures, les instabilités aux changements de plan et combler les lacunes. Il a été également nécessaire de sélectionner des éléments filmiques intermédiaires à réinsérer dans le négatif, afin de combler les images manquantes à partir d’un interpositif provenant du stock de la Cinémathèque française La reconstruction s’est faite bobine par bobine avec les rustines ou segments provenant des différents éléments, en vérifiant que l’intégration soit parfaite et ne génère pas de doublons d’image. La stabilisation et le positionnement des rustines ont été effectués lors de leur intégration au montage.
L’étalonnage Une fois le film « reconstitué », l’étalonnage numérique a pu s’effectuer durant 5 jours, en salle de projection, sur Da Vinci Resolve. Afin de décrypter la démarche suivie par Henri Calef et son chef opérateur Michel Kelber, une copie 35 mm positive a été projetée en parallèle à la projection numérique, permettant à l’étalonneur et au superviseur de Filmo, de restituer au plus près le noir et blanc mis en lumière.
La restauration numérique Suite à l’étalonnage du film, le travail de restauration numérique de l’image a pu débuter. Un cahier des charges a été établi afin de définir les bonnes règles de restauration. Il convenait en effet d’identifier clairement les origines de chaque défaut afin de déterminer s’il faut le traiter et à quel niveau de restauration. Cette démarche permet de distinguer les défauts qui sont liés au temps et à l’usage intensif du matériel photochimique, des défauts qui sont issus du tournage. Il est entendu que la restauration de l’image doit permettre au spectateur de se plonger dans le film sans ressentir de gêne visuelle. Mais elle peut conserver certains défauts mineurs et ne doit surtout pas attaquer la texture de l’image. La première étape de la restauration numérique a consisté à filtrer l’image afin d’effectuer une sélection de toutes les poussières présentes, puis de les supprimer (les poussières apparaissant au fil du temps et des manipulations, elles ne sont pas originellement présentes sur la pellicule). Les taches plus importantes, traces de colle ou cassures, ont été traitées à la palette graphique manuellement, image par image.
Le son Le positif son a été tiré de manière continue après plusieurs tests jouant sur la lumière de tirage et la qualité du développement. Cette piste audio a été intégralement numérisée chez Elude. Puis la conformation de la piste audio a été faite en prenant la reconstruction finale du film intégrant toutes les images manquantes comme référence. L’audio a été restauré en limitant les montées de souffle intempestives, tout en conservant un certain niveau de souffle tout au long du film pour garder ses qualités sonores d’origine. Les plops et les craquements ont été supprimés. Les textures de son ont été équilibrées afin que les voix et les musiques conservent un timbre riche en harmoniques, cohérent avec l’époque du film. Un mastering spécifique a été effectué pour la projection sur grand écran, que ce soit au travers d’une copie numérique (DCP) ou d’une nouvelle copie 35mm pour que le son du film soit adapté aux systèmes d’écoutes présents dans les salles actuelles.
Note sur la société SNC
En 1934, René Pignères s’associe avec Léon Beytout et fonde la Société Nouvelle de Cinématographie (SNC). Leurs premières productions, avec Jean Gabin, sont du domaine de l’histoire du cinéma : Maria Chapedelaine (1934) et La Bandera (1935). Suivent alors de nombreux films dont Dernière heure, La flamme, Ange au foyer, etc….. À la guerre, René Pignères rejoint l’Algérie, via l’Espagne. L’activité de Léon Beytout pendant la guerre est moins bien documentée mais il est certain que, dès 1948, SNC reprend ses activités de production et distribution et rachète le catalogue de films d’Imperia (L’arlésienne, Les deux timides, La belle aventure, Petrus, Félicie Nateuil, L’atomique M. Placido, etc), tous produits entre 1933 et 1946. Après le décès de Léon Beytout en 1952, SNC élargit son réseau de distribution Paris-province en créant des filiales à cet effet. Impéria Distribution, crée en 1956, s’occupe de la région parisienne, et SNC connaît son premier succès fulgurant avec un film dont personne ne voulait depuis plus d’un an : SISSI avec Romy Schnieder. La coproduction avec l’étranger est encouragée dans le cadre de la reconstruction de l’Europe et SNC en fait l’expérience avec l’Italie : Le secret d’Hélène Marmion (1953), Femme libre (1954). La coproduction française reprend aussi et SNC s’y lance avec d’autres sociétés françaises : Boulevard du crime (1955), Ces sacrées vacances (1955), Fumée blonde (1957), etc… Après avoir fait ses études, Gérard Beytout, fils du co-fondateur, rejoint SNC ; et le projet d’une coproduction avec Georges de Beauregard est mis en place dès 1959 pour un nouveau genre de film : il s’agit de À bout de souffle. Fort de son succès, SNC triple ses activités de coproduction avec l’étranger, incluant Italie (Terreurs des mers, La vengeance du Sarazin, etc) et, désormais, l’Allemagne comme partenaire (Winnetou, Chambre 13, etc…). SNC continue aussi sa collaboration fructueuse avec Georges de Beauregard : Le petit soldat (1960), Pierrot le fou et La religieuse (1965), etc… C’est en 1964 que commence la production du premier film de la série des 6 «gendarmes »: Le gendarme de Saint-Tropez. En 1968, c’est La piscine, puis La horse. En 1972, c’est Les feux de la chandeleur, sélectionné pour représenter la France au Festival de Cannes. René Pignères décède en 1973 et Gérard Beytout continue la tradition jusqu’à la vente de SNC à la CLT en 1985. En 2002, la CLT a vendu le catalogue d’André Paulvé, DISCINA/Celia (Les visiteurs du soir, La belle et la bête, Orphée, etc..) à SNC. Comme le film Bagarres, produit par Georges Legrand en 1984, avait été cédé à André Paulvé au moment de la dissolution de la société du producteur d’origine (circa 1962), SNC est devenu le propriétaire du film en achetant la collection André Paulvé. D’autres productions de Georges Legrand comme Les Chouans d’Henri Calef, Ruy Blas de Pierre Billon (produit en association avec André Paulvé) et Les canailles de Maurice Labro se trouve également dans le catalogue SNC.. En 1962, Georges Legrand arrête sa carrière de producteur et devient administrateur/directeur de Bobino. SNC a été achetée elle-même par Groupe M6 en 2005…