15 Mai Autour de Jean Proal, artistes d’hier et aujourd’hui
Autour de Jean Proal, artistes d’hier et aujourd’hui
du 3 au 28 mai 2011
Archives départementales
2, rue du Trélus
0400 Digne-les-Bains
La médiathèque départementale, l’école des Beaux-Arts, la médiathèque de la cc3v, l’association des Amis de Jean Proal, s’associent pour une manifestation, autour de l’écrivain Jean Proal, intitulée :
Regard d’écrivain, regards d’artistes
Autour de Jean Proal, artistes d’hier et d’aujourd’hui
L’ exposition s’articulera suivant trois modules :
- l’exposition Proal, Bergman, Hartung – une amitié créatrice prêtée par la Fondation Hartung Bergman d’Antibes,
- la présentation des œuvres des ateliers de l’Ecole des Beaux-Arts de la cc3v inspirées par les textes de Proal,
- des vitrines proposant des documents des Archives départementales et de la médiathèque départementale.
Une exposition se déroulera en parallèle à la médiathèque de la cc3v, intitulée Proal, Riehl, Serena, à partir des photographies de Pierre Riehl accompagnées de textes choisis de Proal (inauguration le 3 mai).
Durant ce mois de mai, trois interventions auront lieu dans les locaux des Archives départementales :
- le jeudi 12 mai 2011, 18 h 30 – Lecture littéraire autour de Jean Proal, par Frank Gétreau et Yves Mugler, comédiens,
- le jeudi 19 mai 2011, 18 h 30 – Conférence sur l’art abstrait, par François Bazzoly, professeur à l’École des Beaux-Arts de Marseille,
- le jeudi 26 mai 2011, 18 h 30 – Conférence sur Jean Proal, par Fanny Déchanet-Platz, de l’université de Grenoble et Anne-Marie Vidal, membres de l’association des Amis de Jean Proal.
Pierre Riehl (1912-1998)
Marie, son épouse, qui avait un subtil sens de l’art, lui offrit, peu avant sa retraite, son premier appareil photographique… pour qu’ensemble ils aillent « offrir un regard à ce que le monde propose à notre étonnement ».
Autodidacte, Pierre revendiquait bien haut, et avec vigoureuse fierté, d’être un amateur – soulignant la mission d’amour inscrite dans ce mot. Animant des clubs, il est un des fondateurs, en 1963, du mouvement Libre expression avec Jean Dieuzaide et Jean-Claude Gautrand. Viendront les rejoindre, entre autres, Denis Brihat, Jean- Pierre Sudre, André Recoules, Roger Doloy… Son propos – fondamental à ses yeux – se situait dans cette veine : seul le regard est essentiel et la photographie est un art autant que les autres ; pas seulement un témoin de la beauté émouvante du monde je suis un re-créateur…Cependant, conscient du danger d’une photographie prédatrice, il refusait de faire des portraits, sauf quelquefois d’enfants. S’il y avait du respect dans ce choix, il ajoutait que la personne profonde était inatteignable – rejoignant ainsi la hantise du portraitiste peintre ou sculpteur… Probablement, il serait souvent en colère actuellement…
Champenois, vivant à Digne dont Marie, son épouse, était originaire, il s’est passionné pour les traces, lignes, formes, masses et matière, en particulier des Robines ou de la Bléone. Durant une vingtaine d’années il a consacré son énergie à faire parler son regard au travers d’images, qu’il invoqua dans une petite brochure, Fantaisie, au titre de « ses amies ».
Parfois seul, parfois accompagné de pastels et poèmes, sa passion a trouvé l’occasion d’estime et de partages lors de plusieurs expositions et conférences – en particulier à Digne, Grignan, Vauvert, Châlons-sur-Saône…Lecteur attentif, Pierre Riehl savourait (il aimait la gourmandise de ce mot) l’œuvre de Jean Proal. Il aurait été honoré de cet accompagnement réciproque. Nous en parlions souvent et parfois nous partagions le pays proalien avec des amis. Il y retrouvait, disait-il, cette gravité en quête de lumière, cette célébration des contrastes tant naturels qu’humains, cette modestie constamment nourrie d’étonnement et d’enthousiasme. Peut-être avaient-ils en commun ce vécu de la temporalité, que Jean Proal traduit ainsi, dans Printemps des Alpilles : « De même que le temps – le temps- durée – n’existe pas pour moi et que je vis au présent dans des souvenirs qui datent de quelque très lointaine existence ou d’un futur à peine formulé, de même l’espace m’intègre à lui. » Bref, conscients de la juste distanciation mais vivant comme une “étrange fusion”…Cette Chanson de la Bléone est ici bienvenue, elle est en effet au travers de la célébration de la pierre & l’eau… la mélodie, en écriture de lumière, de la merveille cachée sous la banalité du quotidien.
Patrick Serena
Agent forestier, de l’Office National des Forêts, Artiste-Peintre aquarelliste, Patrick travaille les lavis rehaussés à la feuille d’or et les papiers anciens. Participant à divers salons, il a obtenu de nombreuses distinctions ; il expose en Provence depuis 1984.
« Mes aquarelles dansent sauvagement à travers des couleurs passion-nées, enrichies au passage par l’éclat de la nacre et de l’or. Elles nous portent tout autant vers ces contrées lointaines où mille et une princesses vous invitent à entrer dans le songe, dévoilant sous nos yeux le mystère de la Provence alpine. Jean Proal m’a fait connaître le sentiment de la montagne, la multitude des hautes terres, le secret des hommes. Jean Proal m’a tracé la route, montré la voie picturale celle de l’émotion et de l’humilité. J’aurais aimé lui apporter la lumière de ma peinture pour qu’il puisse encore respirer. »
Patrick Serena écrit, en 2009, Un rêve d’amitié. « …impossible de résister à l’amitié qu’ils tendaient devant eux comme des bras.»
Un jour de novembre, j’ai rencontré Jean Proal. Il paraissait songeur, assis sur le rebord d’une fontaine en mélèze. Ses yeux étaient limpides comme l’eau de Gymète. Il s’est approché de moi.
– Êtes-vous le nouveau garde forestier ?
– Oui, j’assure la surveillance des forêts du Lavercq, mais je suis également aquarelliste à mes heures perdues, je suis donc un peintre-forestier ou forestier-peintre…
– Connaissez-vous alors les forces mystérieuses de la nature, me demanda-t-il ?
– Oui, peut-être, je sais quand la nature est inquiète, lorsque l’orage la menace, quand la marmotte s’impatiente sous la neige trop épaisse, ou quand les loups vous guettent derrière le vieux mélèze.
Tout en parlant, nous regardions vers la même cime, la même lumière du soir, sur la Séolane. Je crois que depuis ce jour-là, nous nous sommes compris pour toujours.
C’est après la lecture des Arnaud, en 1996, que j’ai fait ce rêve étrange, devenir son ami. La lecture de ce roman a été pour moi une révélation, je suis entré en religion dans son écriture comme le peintre dans son atelier. Chaque image décrite est devenue dessin, aquarelle, tableau. L’écho des phrases de Jean Proal, a résonné dans mon travail artistique. Les tonalités bleu et sépia transparentes, presque liquides, restituent jusqu’au souffle des hommes des hauts pays. »