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Jean Proal (1904-69) – Anna-Eva Bergman (1909-87) – Hans Hartung (1904-89)

 

Une œuvre littéraire – à l’écriture souvent picturale – & deux peintres, certainement fins lecteurs, offraient l’occasion d’un terreau d’affinités électives, chaleureuses et fertiles… Grâce à la complicité de Christine Lamothe et Jean-Luc Uro, Fondation Hartung-Bergman, ce 3e livret propose des témoignages autour de la création picturale de ceux dont « les mains jettent et sèment pour relancer avec plus d’élan », écrit Jean Proal.

Après un petit texte de Proal, fasciné par les mains de Hans, on pourra découvrir des extraits de journal ou d’interviewes des deux peintres…

UN CHEMIN DE CRÉATION

10 € + frais de port

de JEAN PROAL

Feuillet n°3 de l’AAJP

Joli ‘livret’ (collection 14×14), imprimé en ocre rouge, sur beau papier sensation linear 120 gr., par Philippe Moreau, Archétype. 2013

 

l’AAJP a voulu par cette publication honorer la présence de l’exposition des deux livres d’artiste Farandole et L’or de vivre à Forcalquier, en août et septembre 2013. Sans oublier l’empreinte de la belle amitié entre les deux couples – Suzon & Jean, Anna-Eva & Hans… cf. Jean Proal, Anna-Eva Bergman, Hans Hartung – une amitié créatrice.

EXTRAITS

Dessin de Hans Hartung © Fondation Hartung-Bergman

Les mouvements intérieurs de contentement, de mécontentement, tout ce que l’on ressent, toute la rage que l’on éprouve, rage contre le monde – satisfaction du monde – tout cela n’est pas, en soi, directement, un sujet… Le penser est une erreur absolue. Il y a des gens qui le pensent…
À la vue d’une toile, il est stupide de penser qu’elle peut représenter la joie du peintre qui vient d’apprendre une victoire militaire. C’est complètement idiot. Les mouvements intérieurs peuvent être une base, une incitation. Uniquement une incitation… Un cri, par exemple, ce n’est pas de l’art. Un cri, ce n’est rien encore. Pour qu’un cri devienne art, il lui faut obéir à certaines lois très difficiles à définir. (Hans Hartung, p. 5)

L’œil est absolument nécessaire pour faire de la peinture, c’est certain. Mais la vision n’est pas toute notre expérience de la vie.
Il y entre beaucoup d’autres choses… L’aveugle a l’expérience de la vie, tout comme un autre homme, quelquefois plus profondément que d’autres, et je crois que la perception du monde que nous recevons par l’œil est assez trompeuse. Par exemple, dans le lointain d’un paysage vous voyez une espèce de ligne bleue. C’est une forêt. Vous le savez. Mais cela ne vous donne aucune expérience de cette forêt. […]
– Le peintre veut-il rendre compte de tous les autres modes de connaissance ?
– Oui. Il veut rendre compte de tout ce qui constitue notre expérience de la vie. Notre entourage, nous-mêmes, tout concourt à former notre connaissance du monde, toutes nos émotions.

(Hans Hartung, p. 6-7)

Dessin de Jean Proal © Fondation Hartung-Bergman

Dessin de Jean Proal © Fondation Hartung-Bergman

Existe-t-il quelque chose de plus beau qu’une ligne pure et sensible?
La ligne est le squelette indispensable de la peinture.
Mais pourquoi, Mon Dieu, faut-il que la ligne soit utilisée à dessiner des contours ? Le rythme n’est-il pas bien plus important? Il n’y a pas de contours, il y a seulement des passages d’une chose à une autre – de la lumière à l’obscurité – d’une couleur à une autre. Les contours sont des limitations. Il existe un monde sans limitations et une peinture est un monde en soi sans autre limite que l’extérieur de son cadre.

(Anna-Eva Bergman, p. 11-12)

C’est du Finnmark et de la Norvège du Nord que je rêve. La lumière me met en extase. Elle se présente par couches et donne une impression d’espaces différents en même temps très très près et très très loin. On a l’impression d’une couche d’air entre chaque rayon de lumière et ce sont ces couches d’air qui créent la perspective. C’est magique. (Anna-Eva Bergman, p. 14)
Par l’utilisation de métaux, mes toiles sans user cependant du recours à des artifices de perspective, bénéficient d’effets visuels parfaitement inédits : les différents niveaux spatiaux tantôt se juxtaposent ou se superposent, formant des structures qui s’échelonnent en gradins, tantôt se reflètent. Effet que le spectateur est en mesure de provoquer en bougeant devant la toile en changeant même le rythme de ses mouvements.

(Anna-Eva Bergman, p. 14)