Assemblée Générale 2010

Assemblée Générale 2010

Assemblée Générale à Saint-Rémy de Provence
et en Camargue

les 9 et 10 octobre 2010

PROGRAMME DU WEEK END

Samedi matin : Assemblée Générale à 10h00 à la mairie de Saint-Rémy-de-Provence, suivie du déjeuner.

Après-midi : Visites (Mas de Berne, les Antiques, cimetière, Tout pour l’Électricité) & Communications sur Jean Proal, Les Alpilles et la Camargue (hommage à Marcel Bonnet, lecteur attentif de Jean Proal – présentation par Rémi Venture et Anne-Marie Vidal – Le vin d’orage, De Sel et de cendre et autres textes sur la Camargue – présentation avec échange entre Fanny Déchanet-Platz, Marcel Save et Anne-Marie Vidal.

Dimanche matin : sur les pas d’Hélène (cf. De sel et de cendre)

Déjeuner : Manade Saliérène

Après-midi : Visites… Jusqu’au coucher de soleil sur le Vaccarès

A l’occasion de leur Assemblée Générale, les membres de l’association des Amis de Jean Proal se sont rendus en Camargue au Mémorial des Gitans, face à l’ancien camp d’internement des nomades créé par le régime de Vichy en 1942. Là, une lecture d’un texte d’une grande actualité, extrait du Peuple de la route de Jean Proal, a éveillé un tel écho chez les adhérents présents qu’ils ont décidé de faire connaître à un public le plus large possible ce témoignage protestataire, écrit en mars 1956.

© Yves Mugler

© photo Yves Mugler

Le texte ci-dessous a été publié d’abord dans un journal, « Le Soir Illustré » de Bruxelles, puis en 2008, par Le Sablier-éditions, in Camargue, sur la proposition de l’association des Amis de Jean Proal.

Tout le monde – ou presque – en a peur, les déteste ou les méprise. Personne – ou presque – ne les connaît.

Leur nom, déjà, prête à confusion. Romanichels, Tziganes, Bohémiens, Rabouins, Caraques pour la France, Gypsies en Angleterre, Zigeuners en Allemagne, Gitans en Espagne désignent le même peuple : celui des nomades.

Si l’on parle des cinq sous-groupements importants : les Roms, qui sont principalement chaudronniers ou étameurs, les Manouches, vanniers ou musiciens, les Sintis, montreurs d’animaux, les Kalé, potiers, et les gitans, maquignons ou vendeurs de tissus, (et il faut ajouter encore les Barengrès, seuls nomades blonds, venus d’Allemagne et très méprisés du peuple errant) on ne sait plus très bien déjà s’il s’agit de races différentes ou de tribus d’une race unique.

Six à huit millions de “bohémiens” dans le monde. De cent à cinq cent mille (les statistiques mêmes vacillent, quand elles s’appliquent à ce “matériau”) en France. Le problème est posé. Et il est loin d’être résolu.

Ce problème, je n’ai pas même voulu en poser les données (et j’ai avoué dès l’abord mon incompétence) mais j’ai tenu à l’évoquer car il devient chaque jour plus poignant. Et moins acceptable, le déni de justice que lui proposent, pour toute solution, l’ignorance, l’incurie, l’indifférence… ou la peur.

En France, le statut des gens de la route est régi par une loi de 1912, qui les place, sans aucune restriction, aucune garantie, sans la moindre trace de respect pour le droit de vivre de tout homme, sous la coupe de toutes les polices. Ils n’ont que des devoirs, sans la compensation du moindre droit. Ils sont citoyens français pour payer des impôts, faire le service militaire et se soumettre à l’obligation scolaire, mais ils n’ont pas droit à la carte d’identité française. Ils vivent sous le régime du carnet anthropométrique (un, collectif, pour le clan, une autre, individuel à partir de 16 ans) comme les repris de justice, victimes d’une ségrégation plus acharnée que celle des noirs aux États-Unis. Et je n’arrive pas à croire qu’ils soient obligés de le faire viser, chaque jour, par l’autorité policière.

Qu’ils soient chapardeurs, batailleurs, menteurs, paresseux, sans aucun respect de la parole donnée à un “gadgé” (tout ce qui n’est pas de la race) et qu’ils tâchent par tous les moyens de se soustraire à ce service militaire qui est pour eux une insoutenable contrainte, qui s’en étonnerait ? Et qui, de bonne foi, n’y verrait le pur réflexe de défense d’un peuple traqué ! Que la justice et la police prennent devant ces a-sociaux, les précautions qu’exige toute “Société”, qui n’y souscrirait ! Mais sans en exclure une élémentaire humanité.

Insoumis ! Inadaptés ! Bien sûr. Inadaptables ? On ne peut soutenir honnêtement que l’expérience ait été tentée. Et sur d’assez larges et durables bases.

Une évolution s’esquisse chez eux (plus importante en ces quelques dernières années que tout au long des siècles de leur pérégrination) qui pourrait être la base et le départ d’une adaptation et, peut-être, d’une assimilation.

Jean Proal, Le peuple de la route, mars 1956