Jean Proal, né le 16 juillet 1904 à Sainte-Rose, hameau de Seyne-les-Alpes, dans ce qui était alors le département des Basses-Alpes, est le deuxième fils de Paul-Cyprien Proal (1841-1918) et Marie-Amélie Reynier (1865-1934). La famille de son père est originaire de Faucon, près de Barcelonnette ; celle de sa mère, de Seyne-les-Alpes. Il a tissé une forte amitié, indéfectible, avec son frère aîné, Paul, né en 1899, qui fut son représentant lors de la première rencontre avec Robert Denoël, son principal éditeur. Tandis que Paul marié avec Marguerite Gastinel eut deux enfants – Jean-Claude et Françoise – Jean Proal n’eut pas de descendance. Après des années de vie avec Marie Cazères – vie dont, vu sa discrétion, il ne parle pas – il s’en sépare vers 1950, lorsqu’il quitte Paris pour raison de santé. Il rencontre alors celle qui deviendra sa seconde femme, Suzanne Gontier, appelée Suzon par tous. Gravement malade des poumons, il meurt en 1969.
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Ses parents sont tous deux instituteurs. Il vécut dans la maison où sa mère dispensait ses cours et où il fut son médiocre élève – « Tu finiras dans les prisons, lui répétait-elle mi-sévère, mi-plaisante ». A cette période, dont il garda toute sa vie un merveilleux souvenir, il fit l’expérience de ce qu’il dit être les deux sources de sa vocation. D’une part l’exceptionnelle, à ses yeux, relation d’amour avec sa mère ; d’autre part, le « sens du destin » au contact de la dure vie des paysans montagnards, dont il dit avoir voulu, « par ses écrits, les venger, ou les récompenser », tant, malgré leur tenace courage, ils restaient ignorés voire méprisés. Par contre, il parle peu de son père – sauf souvenirs de gifles, de différends ou de la mort de celui-ci. Rappelons que son père avait l’âge d’être un grand-père, c’est-à-dire vingt-quatre ans de plus que sa mère.
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« car cette montagne et ce ciel, je les avais en moi… »
Bien des passages de ses ouvrages sont bouleversants – tant l’acuité expressive dit le sentiment quasi fusionnel qu’il eut très jeune au sein de cette « vie [qui] coulait à plein bord comme une belle eau ». Aussi bien s’agissant de l’âpreté et la beauté, si changeantes selon les saisons, de son pays d’origine et d’enfance, que des êtres, animaux ou humains, qui l’habitent. Ainsi, dans Chantemerle, on peut se représenter ces « cinq maisons chaudes de vie » et « les vieux au lent marcher qui avaient le sens des courants profonds de la terre : […] le fil des lignes de forces qui arment ce pays » ; dans Jeudi, il souligne « sa joie ingénue de vivre libre sur la terre : le long jeudi s’ouvre devant moi comme une porte » ; ou dans Hiver – saison que la maison devait particulièrement se préparer à accueillir « pour en soutenir le siège » – on trouve le subtil récit, autobiographique, de l’enfant partant à la conquête d’un monde transformé par la première neige, s’achevant sur le regard de sa mère aux « paillettes d’or dansant dans ses yeux gris ». Il parcourait donc, très jeune, sa région et découvrait, avec attention et souverain plaisir, flore et faune ; ou encore, il tissait des liens avec les paysans – alors qu’il aurait pu profiter de son statut de « petit de la Dame », comme ils disaient.
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Lors de ses années au collège et lycée Gassendi à Digne, interne, il se prit, durant l’hiver, d’une passion pour le cinéma, « qui, de dimanche en dimanche, nous dispensait notre provision de poudre à rêver… en attendant l’heure de réintégrer la prison ». D’ailleurs, plus tard on retrouvera cet engouement pour le septième art, allant jusqu’à faire de grands projets d’adaptation de ses romans qui, sauf Bagarres, n’aboutirent pas. Jean n’était pas de ceux que l’on considère comme de bons élèves, mais il aimait la littérature. S’essayant déjà à l’écriture, il confia en 1922 « deux contes [qu’il remit], sans oser le regarder, à Saint-Denis », son professeur de littérature de Première ; ce dernier qui dit « avec la même pudeur : Pourquoi écrivez-vous des choses si tristes ? ».
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Jean Proal précise qu’il a passé huit ans, puis trois ans comme pion, au même lycée en préparant des concours ; et renonçant alors « à l’idée du professorat des écoles normales… [il s’est] retourné vers un examen plus vite préparé : le concours de l’Enregistrement ». Il ajoute : « Au fond, ces trois années de flemme m’ont été profitables… Mais j’ai lu, aussi, beaucoup, et peut-être pensé. Ça a été une sorte de halte entre l’école et la vie ».
De ses années d’enfance et d’adolescence, Jean Proal témoigne avoir gardé, non seulement le sens du contact intense avec les animaux – dont celle de la peur douloureusement dominée face à la chienne de berger, « la grande noire » -, mais encore la saveur des contrastes saisonniers, de « la fraîcheur des aurores » et du « surgissement de la nuit », fertiles « en émerveillements et surprises », que nombre de ses descriptions savent restituer. Il se souvient de l’alternance des départs en diligence vers le lycée, qui lui faisaient quitter sa mère avec « l’angoisse de la prison prochaine », et de la joie des retrouvailles ; et, entre les deux « la pensée des vacances suivantes [qui] luisait […] comme une vengeance ».
« les plaies d’une conscience bourrelée »
En 1924, il fait déjà une conférence sur la poétesse Cécile Sauvage – dignoise, épouse de Pierre Messiaen, mère du musicien Olivier – décédée à quarante-quatre ans. Pierre Messiaen lui confie « qu’elle est des meilleures choses qu’on ait écrites sur Cécile ».
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A vingt-quatre ou vingt-cinq ans, ses premiers écrits seront essentiellement des nouvelles ou contes ; certains paraissent alors dans la revue Le Feu, animé par Joseph d’Arbaud et Frédéric Mistral « Neveu ». Ce sera comme un tremplin à la rédaction de ses premiers romans. Le premier rédigé, Les Arnaud, refusé par les éditeurs, ne sera publié que plus tard.
Plusieurs lettre de Jean Giono, de 1929 à 1931 reconnaissent son talent ; ainsi, lorsque Jean Proal se décourageait face à la frilosité éditoriale, « Rien ne doit vous empêcher d’écrire… » s’écris-t-il. (cf Proal-Giono, échange épistolaire, Bulletin N°6).
Jean Proal a toujours eu cette taille élancée, cette démarche élégante, sans affectation, avec une élégance toute naturelle, une sensibilité très fine qui était déjà la marque de sa mère et qui faisait de lui un homme immédiatement attachant. Et puis, cette sincérité, cette probité de l’homme de la montagne qui a su exprimer ce qu’est la montagne…
Paul Pons
Jean s’est marié, jeune, avec Marie Cazère, née la même année ; elle exercera le même métier que les parents de Jean. Cependant, ce ne fut pas une union heureuse et Marie refusera très longtemps le divorce voulu par Proal. Puis c’est le service militaire dans un fort sur les hauteurs au nord de Toulon, en qualité de « gardien de batterie ».
Les obligations de fonction de Jean Proal feront assez souvent changer le couple de lieu de résidence puisqu’il est surnuméraire durant quelques années comme receveur de l’Enregistrement. Ainsi, il fut muté à Manosque en 1930, à Voiteur (Jura) en 1933, puis à Bonnieux… Enfin titulaire de son poste, il est nommé à Malaucène – de 1934 à 1942 – où son épouse exercera régulièrement son métier d’institutrice. En 1939, il fut affecté à un régiment d’artillerie, mais réformé dès 1940 pour raison de santé.
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En dépit des grandes difficultés à se faire connaître des éditeurs, oscillant entre découragements et espoirs, entre batailles et doutes, ces années furent fertiles en écriture et en rencontres littéraires. Ainsi en témoigne sa correspondance : d’abord Jean Giono l’exhortant à ne pas se décourager dès 1929-30 et Maria Borrély le soutenant de son amitié ; puis Marie Mauron, à partit de 1939 ; mais surtout, dès ses débuts, Alexandre Arnoux qui se dépense à lui ouvrir les portes de l’édition – dont Grasset qui refuse son manuscrit et Denoël qui, après quelques hésitations, publiera la plus grande partie de son œuvre. Cependant, il est desservi par le fait qu’on ne cesse de le considérer, chez les éditeurs et dans la Presse, comme un imitateur de Giono ou Ramuz, en dépit de multiples témoignages contraires – dont celui du critique littéraire Léon Derey, admirateur assidu de cette œuvre jusqu’après la mort de Proal.
Jean Proal envoie, souvent sur leur demande, nouvelles et contes, que certaines – en particulier « Le Domaine », « Les Nouvelles Littéraires », « La Revue Hebdomadaire » et « La Nouvelle Revue Critique » – publient.
En 1932 paraît Tempête de printemps puis sa suite, A hauteur d’homme, en 1933, romans qui, dans la première conception, devaient faire partie d’un triptyque sous le titre Le maître du jeu. Après quoi il y eut un silence de la création pendant huit ans auquel il fait allusion dans Carnet de route et qui faillit définitivement le décourager. Certainement cela est en lien avec l’immense chagrin longtemps inapaisable de la mort, en 1934, de sa mère : « Ecrire pour qui, alors ! puisque c’est si peu pour moi, pour le moi social […] Ils sont morts […] Mon père et surtout ma mère, à qui il n’a manqué qu’un peu d’élan pour faire ce que je voulais faire et de qui je tiens sans doute l’étincelle ». Ce silence fut rompu par la parution, en 1941, de son roman Les Arnaud – achevé dans sa première version dès 1929-30, mais largement réécrit avant d’être soumis une deuxième fois à Denoël.
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Extrait de Carnet de route, de Jean Proal – lu par Yves Mugler © AAJP
De Malaucène dans le Ventoux naîtra Bagarres – roman publié plus tard en 1945, l’adaptation cinématographique d’Henri Calef datant de 1948.
« Sans mon pays, je ne serais rien. Mais quel est mon pays ? Montagne ? Provence ? Les deux, sans doute que réunit et résume cette “marche” (frange et degré) de Haute-Provence où je suis né et où j’ai pris conscience de mes richesses et de mes limites. Goût de la lumière, du dépouillement et du silence. Sens du tragique. Violence intérieure et retenue d’expression. Avidité de vivre et sens de la fatalité. Besoin de joie et goût de l’amertume. Paralysante pudeur. Obstination qui touche à l’entêtement. Bonté vite effarouchée. Orgueilleuse humilité… J’allais essayer de faire le départ, de dire : ceci est du provençal et cela du montagnard. Mais je m’aperçois que ces défauts et ces qualités définissent aussi bien l’un que l’autre et que, ma province, c’est la lumière méridionale ».
in Nouvelles Littéraires, 08/09/1955
(cf Revue n°2 de l’AAJP : Les Arnaud, le livre d’un doux sauvage)
Durant ces années, la camaraderie prend une place essentielle ; avec les copains randonneurs et épris de montagne, Jean Proal découvre le Ventoux où ils construisent, au mont Serein, un petit chalet (encore abri saisonnier de leurs descendants).
En pleine guerre, saisissant l’occasion d’une suppression de poste à Malaucène, Jean Proal obtient, en février 1942, sa mutation à Paris ; Marie, sa femme, l’y rejoindra un an plus tard. Sa correspondance exprime nettement qu’il en escompte outre la confirmation de la reconnaissance de Robert Denoël, un tremplin indispensable à une carrière littéraire qui lui permette de vivre de sa plume. Ainsi, animé d’un immense espoir de « percer », il choisit d’aller à Paris juste après la parution de son livre, considéré comme le plus accompli, Les Arnaud. Il « se bat » pour décrocher le Goncourt – soutenu par son éditeur, Robert Denoël, et plusieurs auteurs. En effet, ce roman reçut le plus large éloge du monde littéraire, parmi lesquels Alexandre Arnoux, Louis Le Sidaner, Marie Gasquet… ; il récolta, en outre, les hommages des plus célèbres plumes de la critique littéraire qui le citait en bonne place dans leurs pronostics du prix Goncourt.
Si de sa vie quotidienne à Paris on sait bien peu de choses, sa correspondance témoigne de son effort pour se faire connaître et adopter. Effort en partie réussi, puisque certains auteurs reconnurent son talent, comme Max Jacob, Blaise Cendrars, Jean de la Varende, Jean Rostand… ; et aussi les contacts suivis avec Louis Aragon, qui publiera plusieurs de ses textes dans Les Lettres Françaises.
Cependant – il le dira après avoir quitté Paris – il s’est senti exilé. Entamant, à ses yeux, comme une nouvelle carrière, alors qu’il était si peu enclin aux mondanités et aux rites de la concurrence des milieux littéraires et à la Presse, il n’a « pas su ou pas pu, comme il dit, jouer des coudes ». Il est certain, en outre, que le double handicap de la guerre, avec les épreuves de l’occupation, et de sa douleur sentimentale n’a pas facilité ce qui déjà en soi est délicat à conquérir. Et pourtant, il dépensa une énergie extraordinaire auprès des revues et des journaux ; en même temps, il ne cessa de contacter les organismes de radio et les divers intermédiaires du monde du théâtre et du cinéma – en particulier Valentine Tessier, Marcel Pagnol et Louis Jouvet, rencontré grâce à Léo Lapara, ce dernier jusqu’au bout un ami attentif et soutenant ses efforts, en particulier auprès du monde du théâtre.
Je suis surpris qu’un écrivain de la qualité de Jean Proal n’ait pas fait une carrière plus lumineuse, plus célèbrement connue. Sans doute l’ombre de Giono lui a t-elle porté un peu tort – encore que ce ne soit pas la même Provence qu’ils décrivent, ni l’un ni l’autre. La seule, la vraie pour moi, l’authentique, la Provence que l’on retrouve à travers les écrits de Jean Proal, c’est la Provence de Jean Proal, la Haute-Provence. Jean était d’une timidité que personne ne peut soupçonner. Et il dissimulait cette timidité derrière une espèce d’arrogance qui n’en était pas une.
Léo Lapara (secrétaire de Louis Jouvet)
Une grande partie de son œuvre est publiée lors de son séjour à Paris. Où souffle la lombarde, en 1944 ; Bagarres, en 1945 – lié à son séjour à Malaucène et qui fera l’objet du film, en 1948, d’Henri Calef ; Suite montagnarde et Au pays du chamois, en 1948.
Son ambition non pas d’être mis en vedette mais de réussir sa vie d’écrivain, lui fait accepter – poussé d’ailleurs par son éditeur Robert Denoël et par la course aux prix (Goncourt en particulier) – quelques compromis, rituels nécessaires auprès des hommes influents et du pouvoir en place.
En 1946, après avoir, auparavant en vain, cru décrocher un prix, il se décide, sur le conseil de Jean de La Varende, à écrire, pour Bagarres, à Colette, alors membre du Goncourt. Cette lettre est un remarquable mélange de naïveté – propre à un cœur pur – et de maladresse, embarrassé qu’il est de faire appel à un auteur tant admiré, auprès duquel il quémande sans le faire manifestement.
Cette hésitation entre attirer l’attention et en même temps se garder d’être jugé comme courtisan pourrait expliquer, outre la demande elle-même, que sa lettre soit à jamais restée sans réponse ; d’où résultat, certainement, une grande déconvenue, voire une cruelle blessure.
En 1950, Jean Proal, suite à de sérieux ennuis de santé l’obligeant à cesser de travailler, quitte Paris pour les Alpilles. Quelques mois après, il s’installe à Saint-Rémy, au mas de Berne.
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En 1939, il avait fait la connaissance de Marie Mauron, Saint-Rémoise, qui le conseille pour la dernière version du roman Les Arnaud, et avec laquelle il tissa une grande amitié doublée d’une abondante correspondance. C’est par elle que Jean Proal fit la connaissance de Suzon. Cette rencontre bouleversa littéralement sa vie. Elle lui offrit un réel bonheur auquel il ne croyait plus. Au point qu’il osa se confier à quelques amis parmi ses correspondants, et que ces derniers en retour lui manifestèrent leur joie. Cette compagne a vite gagné, par son allant, son charme et sa générosité, le cœur de tous, qui l’appelaient « notre Suzon ».
Il partait à pied le matin avec son chien à travers la colline et il rentrait le soir. Il a été très attaché aux Alpilles. Là, il a retrouvé une joie de vivre qu’il avait perdu depuis son adolescence. Mais il a eu une passion pour la Camargue, qui n’est pas très loin d’ici, et où nous avons fait ensemble de longs séjours.
Suzon Proal
La Camargue et les Alpilles lui proposent – selon ses propres termes – une autre « chair du monde ». Il les restitue, aussi intensément qu’il le fit auparavant pour la montagne de son enfance, dans de très beaux textes tels De sel et de cendre, Camargue, Le vin d’orage, ou encore L’Or de vivre. Deux natures de paysage, pour lesquelles « Il faut, pour apprendre ce pays et s’en faire accepter, beaucoup d’humilité et une infime patience ».
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Sans aucun doute, Jean vit sa période la plus heureuse – en amitié comme en amour – et la plus féconde en sérieux contacts littéraires ou éditoriaux et dans le monde de l’art, de la radio et du cinéma. Comme c’est souvent le cas, à peine quitté Paris, les signes de l’intelligentsia affluent, à croire qu’il manque à ses pairs et leur deviendrait presque nécessaire ! Comme si les fruits de ses nombreux et tenaces efforts pour « percer », tant en littérature qu’à la radio, commençaient à mûrir.
De Saint-Rémy, il va continuer ce parcours – tout en ouvrant, vers 1951, un magasin d’électricité, « le confort par l’Electricité ».
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Cette période de sa vie est ponctuée de contacts fidèles et profonds, baignée de l’immense estime qui l’entoure régulièrement. Ainsi, une amitié suivie et privilégiée avec des peintres : Georges Item, Hans Hartung et sa compagne Anna-Eva Bergman (cf Jean Proal, Anna-Eva Bergman, Hans Hartung : une amitié créatrice), Lucien Jacques, Roger Bezombes, André Miguel, Louis Pons, Mario Prassinos. Un suivi amical et créatif avec des écrivains : Dominique Aubier ou « Mabu », Lucien Henry ou « Lulu » (très proche des milieux artistiques), Jean de La Varende, Jean Tardieu… Des échanges de travail en même temps que d’amitié avec Marguerite Arnoux, de la revue « Les Nouvelles Littéraires », Géo Blanc, directeur de Radio-Lausanne, Charles Galtier, de la revue « Reflets de Provence », Léon Derey, critique littéraire. Des contacts et correspondances avec des cinéastes : Henri Calef, Roberto Rosselini et Henri Clouzot…, ou des personnalités du monde du théâtre : Louis Jouvet, Marguerite Jamois, Valentine Tessier, Charles Vanel ; sans compter les simples amis et lecteurs enthousiastes – peut-être surtout parce que, dit-il, « une simple lettre d’un inconnu, ou le mot juste d’un vieux copain me secoue d’avantage qu’un article épatant ».
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Jean Proal avait le goût de l’amitié. Il se faisait aucune pression sur les gens. Il était attentif, et on sentait qu’il était attentif, et qu’il essayait — ou il n’essayait pas, peut -être c’était naturel… En tout cas on devenait soi-même en face de lui. Et nous avons eu des amis communs. Il y avait – à tout seigneur tout honneur – Hans Hartung qui est le grand peintre que tout le monde connait, Roberto Rosselini, le metteur en scène, Mario Prassinos, qui est également un peintre réputé, et un qui lui était particulièrement cher, Georges Item.
Suzon Proal
Malheureusement, de graves ennuis pulmonaires, bien plus que ceux qui avaient déjà fait obstacle à ses actions, vont contrecarrer la réalisation qu’il, soutenu par Suzon, était endroit d’attendre de ses projets en cours. Il est contraint, en 1960, après plusieurs mois de soins chez lui, de faire un séjour en sanatorium d’Al Sola, à Amélie-Les-Bains – qui durera près d’un an et demi – où il commence son Journal Carnet de route.
Hospitalisé d’urgence à Avignon suite à une grippe compliquée de troubles respiratoire, Jean Proal meurt le 24 février 1969. Il est enterré à Saint-Rémy, où prendra place à ses côtés, son meilleur ami « Cheko », Georges Item.
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Au moment de sa mort, quand on lui a dit « est-ce que la lumière te gêne ? » – il était en respiration artificielle – il a demandé une feuille de papier, et il a écrit « c’est la lumière qui me fait respirer ».
Je trouve qu’un homme qui meurt et qui dit une phrase pareille, est allé très loin, je crois, je pense, je l’espère…
Suzon Proal
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